Marcher 7 jours dans le Sahara
Bonjour, ici Ulysse.
Pendant 7 jours, j’ai marché dans le Sahara avec les Maures.
Coupés du monde, sans internet, sans message, sans notification, nous avons fait face à l'immensité du désert.
Cette longue marche méditative sous un soleil assommant m'aura changé.
C'était l'un de mes plus beaux voyages. Et je suis heureux de le partager avec vous dans ce nouveau film.
Vous ferez la rencontre de :
Mohamed, le plus ancien guide de la région
Moma, un chamelier plein de surprises
Le Bat, un cuisinier inépuisable
Abdul, un hôte atypique
Un vieux sage
Ainsi que Laurence et Eliott Meunier qui m'ont accompagné dans ce trip.
D’ailleurs, vous trouverez sur la chaîne d’Eliott sa vidéo de notre traversée, dans un autre style, plus poétique.
L’expérience introspective ultime
Je suis un adepte de l'introspection. Je me suis déjà posé des centaines de questions. Je suis incollable sur l'Ikigai. J'ai même lancé un programme de 40 jours pour apprendre à se connaître : l’atelier d’introspection.
Mais alors là…
Le silence du désert t'emporte dans les réflexions les plus profondes. J’ai remis de nombreux aspects de ma vie en perspective.
Pour la première fois, j’ai réussi à être 100% honnête avec moi-même sur ce que je voulais vraiment.
Le Sahara semble être un lieu où le temps s’écoule différemment. Je ne saurais pas dire si sa perception est plus rapide ou plus lente. Elle est différente.
Les nomades qui peuplent ces terres ensablées ont un rapport au temps unique. Quand j’ai demandé à Mohamed comment ils faisaient pour savoir l’heure, il a répondu “Vous avez la montre, nous, on a le temps”.
Ils vivent sans penser au lendemain.
Chaque jour, la même routine s’installe :
Petit-déjeuner
Boire le thé
Défaire le camp
Charger les chameaux
Marcher
Décharger les chameaux
Boire le thé
Déjeuner
Boire le thé
Faire la sieste
Charger les chameaux
Marcher
Décharger les chameaux
Monter le camp
Boire le thé
Dîner
Boire le thé
Dormir
Recommencer
Ce cycle donne l’impression d’une journée sans fin.
Petit à petit, l’esprit se libère.
On oublie ses todo listes. On se recentre sur soi. On marche. On s’apaise.
Dans une économie de l’attention, le désert est l’un des derniers bastions de l’ennui.
Partez marcher dans le désert
Marcher dans le désert est le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire.
Au-delà du voyage, des rencontres et de la découverte d’une nouvelle culture, cette expérience vous aidera à vous poser les bonnes questions, et peut-être à trouver certaines réponses.
Personnellement, je suis parti avec Expe3, une agence de voyage immersive.
Vous trouverez sur leur site deux expériences en Mauritanie :
Une expédition de 8 jours dans le Sahara (celle que j’ai vécue)
Une expédition de 22 jours dans le Sahara (plus ambitieuse)
Vous n’avez pas besoin d’être marathonien. C’est très accessible.
Je ne peux que vous recommander de vous y essayer.
NB : En Mauritanie, bien qu’ils n’aient qu’une bosse, les dromadaires sont appelés chameaux de bât. Je vous ai vu venir.
Le thé
À chaque stop dans le désert, on préparait le thé. C'est la boisson nationale en Mauritanie. Il se déguste en trois fois, avec de la mousse.
Chaque verre est rempli à un tiers de sa capacité. Alors oui, ce serait plus efficace de faire un grand verre plutôt que 3 petits remplis au tiers, mais c'est la tradition !
Cette façon de faire vient des nomades. Quand ils se rencontraient dans le désert, ils buvaient le thé ensemble. Et comme ils avaient le temps, ils en prenaient trois verres.
Ici, le thé se boit avec de la menthe et du sucre. Celui qui le prépare doit bien évaluer la situation pour faire en sorte que le thé s'achève en même temps que la conversation s'épuise.
Et c'est tout un art !
Chinguetti
Chinguetti était le point de départ et d'arrivée de notre expédition. Connue comme la « ville des bibliothèques », elle fut fondée à la fin du XIIIe siècle.
Jadis, c'était un important carrefour caravanier transsaharien entre l'Afrique du Nord et l'Afrique noire.
Il est raconté qu'un jour, une caravane de 32 000 chameaux quitta Chinguetti chargée de sel. C'est beaucoup.
Entre le XVIe et XVIIIe siècle, c'était la plus grande métropole culturelle de la région. Les Mauritaniens la considèrent d'ailleurs comme la 7e ville sainte de l'islam.
Si l'on en croit la légende, les premières traces de la ville remonteraient même jusqu'en l'an 777. En ce temps, elle était connue sous le nom de « Aber ». Les restes de ce mystérieux passé sont enfouis sous les dunes de sable.
Aujourd'hui, Chinguetti est séparée en deux, entre la vieille ville, presque déserte, et la nouvelle ville où vivent les locaux (et où j'ai logé).
Évidemment, je suis allé faire un tour dans l'ancienne ville. J'y ai rencontré un vieux sage gardant une bibliothèque. Vous le découvrirez à la fin du film.
Il nous a raconté des histoires et montré quelques anciens livres (Coran, recueil de poèmes, et même un Bescherelle de l'époque).
J'y ai même trouvé un exemplaire de l'Odyssée. C'est dire l'influence d'Homère dans le monde !
Le gavage
À Chinguetti, nous avons logé chez Abdul. Son auberge est incroyable (images au début du film).
Un soir, il m'a raconté s'être marié à 18 ans avec une jeune fille qui disait en avoir 25. En réalité, elle n'avait que 12 ans.
Mes yeux se sont écarquillés.
Je lui ai demandé : "Comment tu n'as pas pu t'en rendre compte ?". Il m'a alors parlé du "gavage".
Son mariage était arrangé avec une famille nomade de la région de l'Adrar.
Bien qu'elle y soit de plus en plus rare, la pratique du gavage y persiste encore. L'objectif est d'engraisser au maximum les jeunes filles avant de les marier.
3 raisons :
Être obèse est un signe de beauté.
Être obèse est un signe de richesse.
Être obèse rend tout kidnapping plus difficile.
Ce n'est pas une blague. À l'époque, il était courant que de jeunes nomades se fassent enlever contre des rançons. Plus la fille est grosse et lourde, et plus il est difficile de l'embarquer sur un chameau.
Il existe même un proverbe maure qui dit que la femme occupe dans le cœur une place égale à son volume.
La décision est généralement prise par la mère (ou la grand-mère).
Dès leur plus jeune âge, les jeunes filles sont ainsi gavées de lait (jusqu'à 10L/jour) et de couscous. Si elles refusent, elles sont battues ou pincées.
Aujourd'hui, Abdul a pris du recul. Il s'est rendu compte de la cruauté de cette pratique et à décider de s'engager.
Son outil : le théâtre.
Chaque année, il part à la rencontre des nomades dans le désert pour jouer des pièces portant des messages de sensibilisation, notamment contre le gavage.
Quand il m'a raconté son histoire, j'ai eu envie de vous la partager.
Il est temps d’avoir le temps
Il y a quelques mois, j'étais invité dans une émission sur Paris. Il y avait une heure de retard dans la programmation. Quand je suis arrivé, l’équipe était très embêtée.
J'ai simplement répondu "Ne vous inquiétez pas, j'ai le temps". On m'a regardé comme un alien : “ça se voit que tu n’es pas de Paris toi”.
J’ai compris que l’on construisait nos vies pour qu’elles soient le plus occupées possibles. Être haut placé et enchaîner les meetings, c’est être considéré. Si bien que ne pas avoir le temps semble être devenu un symbole de réussite.
Je refuse de suivre ce modèle. Ma réussite, c’est d’avoir le temps, et de l’utiliser pour conquérir mes rêves, sans me presser.
Je crois que l’on devient réellement libre quand plus personne ne peut acheter notre temps.
C’est la leçon que je garderai de ce challenge.
À très vite, pour de nouvelles aventures,
Ulysse
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